Redécouverte d’une rivière

29/06/2021 2 Par Admin Mouche

J’avais l’habitude d’aller sur l’Orb sur le no-kill du Bousquet d’Orb et celui d’Avène sans me préoccuper du reste de cette magnifique rivière. Quelle erreur de ma part… Etant en vacance dans l’Hérault, je me suis dit « aller, je vais aller faire mon tour sur le no kill (qui est très beau par ailleurs) » sans imaginer une seconde ce que le reste de cette très belle rivière pouvait me révéler. D’ailleurs, j’ai envoyé un courrier au président de l’AAPPMA qui gère le secteur pour féliciter tous les membres de cette association pour leur gestion, la propreté et la qualité de l’eau, bravo et merci à vous de nous donner autant de plaisir au bord de l’eau.

Mickael, un pote moucheur mais aussi un membre lointain de ma famille avec qui je dois faire une sortie depuis au moins un siècle (nous n’arrivons jamais à être dispo en même temps malheureusement) m’avait parlé de quelques endroits absolument magnifiques que je devais découvrir. Je l’appelle pour voir si nous pouvions nous retrouver au bord de l’eau mais pour une fois, c’était lui qui n’était pas dispo. Il me dit « Patrick va à cet endroit, tu vas t’éclater », alors j’ai suivi son conseil et me voilà parti vers l’inconnu pour une journée de pêche. Après une heure de route me voilà au bord de l’eau, mes deux cannes (sèche et nymphe) prêtes pour cette journée qui s’annonce sous les meilleurs auspices car le soleil commence à sortir et quelques restes de nuages de la pluie de la veille s’éloignent doucement au loin. Assis sur mon caillou, je regarde la rivière, je suis seul, bercé par le bruit de l’eau qui provient d’un courant juste en dessous. Je commence par voir des petites éclosions d’insectes mais je n’arrive pas à en attraper, mais apparemment ils sont de couleur entre le gris et couleur naturel du cdc … ça tombe bien, j’ouvre ma boite et je prends ma petite « Speed » mon modèle fétiche que j’avais créé en 2012 pour pêcher les ombres sur La Lyonne (Vercors). Je prends en couleur naturel en h18 et la monte sur ma pointe. De mon autre œil je commence à voir quelques gobages furtifs….des ombres ici ?!?! me dis-je. Me voilà en place et au premier passage une truite fario dans les 23 cm vient me souhaiter la bienvenue. Belle entrée en matière me dis-je et que j’ai beaucoup de chance de toucher un poisson à ma première dérive. Je sèche mon cdc, puis hop deuxième passage et gobage …encore !!! Et oui, j’ai enchaîné 15 poissons sur un linéaire de 15 mètres, mais toujours le refus des ombres …. Je me dis qu’il faut descendre 10 voir en 8/100’ pour voir avant de changer de mouche car les truites, elles, étaient bien à table là-dessus. Au premier passage, gobage, un peu surpris qu’il monte celui-ci; au deuxième pendu mais il se décroche presque aussitôt; le troisième, cette, fois il finira dans l’épuisette. Puis une accalmie, plus d’activité, je continue, deux, trois passages et ce que les moucheurs aiment voir plus que tout, un gobage par aspiration, signe de beau poisson…. en général. Ferrage, eh oui une belle Fario de 37cm avec une robe magnifique vient finir dans l’épuisette. Au total, sur un linéaire de 35m, j’ai fait monter plus de 20 poissons. A ce moment-là, je me dis que ma journée est faite et que de cette période euphorique et de bonheur va se terminer … en sèche oui, mais en nymphe ce n’était que le début !!! Comme il n’y avait plus d’activité en sèche, je décide de passer en nymphe et je redescends la rivière sur 150m, pour découvrir cette partie avec beaucoup de courant et de veine d’eau.

Quelques passages non fructueux puis j’arrive sur une magnifique veine avec un bon 90cm de profondeur entre deux bandes de rochers espacés d’1,50m et d’un longueur d’une dizaine de mètre. Je me dis que si je dois en prendre c’est bien à cet endroit. Sur le bas effectivement, 3 truites juste maillées viennent me saluer. Je remonte de 2m et fais une première passe, une deuxième, rien. Je me dis « va plus au fond » et au premier passage un magnifique ombre de 35+ vient jusqu’à mon épuisette; au deuxième le même mais en plus gros qui se décrochera au bout de 20 secondes. J’en rage contre moi sans savoir ce qu’il m’attend juste après. Je remonte encore 2m, premier passage, un mètre de dérive, puis la planté, je ferre et j’entrevois un très gros poisson. Je me dis «mais ce n’est pas possible cette rivière, je vais de surprise en surprise». La canne pliée, après être resté 10 secondes au même endroit elle remonte, remonte, remonte encore jusqu’au cascade juste au-dessus, quelle passe et remonte encore. Je commence à batailler à la suivre avec les rochers à franchir en même temps que j’essaie de maîtriser la bête, trop même car elle se décrochera quelques secondes plus tard.

Je décide d’aller à la voiture échanger ma canne à nymphe contre ma sèche après avoir loupé deux très beaux et frustré de ne pas d’avoir eu le plaisir de les mettre dans l’épuisette. Me revoilà au bord de l’eau à scruter la rivière de la moindre activité, mais rien, pas d’éclosion, pas de gobage. Au bout d’un quart d’heure deux ombres commence à monter très discrètement ainsi que deux ou trois truites de taille honorable qui finiront dans l’épuisette…. Quelle journée de dingue, je n’en reviens toujours pas de ce que la nature m’a offert ce jour-là. Les poissons quant a eux, sont tous repartis en pleine forme ayant pris toutes les précautions nécessaires comme à notre habitude dans notre association.

Cette journée m’aura ramené 30 ans en arrière, quand mon « Chacha » (mon maître a la palm) me disait, pendant un coup du soir magique sur La Lyonne (Vercors) «tant que tu n’as pas pêché du mieux que tu peux un secteur, tu ne sauras jamais s’il y a du poisson».

Maintenant je me souviens, qu’il ne faut jamais rester sur mes acquis, de ne pas aller à chaque fois au même endroit par habitude et délaisser le reste d’une rivière. La découverte, le repérage et l’observation ne sont-ils pas indissociables de la pêche à la mouche… je pense que oui mais je l’avais oublié…       

….. à Michael

 


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