Chaque année, depuis que je pèche à la mouche, j’ai une espèce de gueule de bois le lendemain de la fermeture de la première catégorie. Non pas parce que c’est un bon moment entre potes (l’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération), où la pêche compte peu. Mais plus pour cette ambiance, le truc indescriptible qui nous fait faire des kilomètres de dingues pour voir monter nos salmonidés préférés sur nosHistoire de pêche imitations … Retour sur une saison compliquée …

CRUES DU PRINTEMPS

Chez nous dans l’Hérault, la crue de l’ouverture a tanké les poissons (ou tué, on ne sait pas trop) du coup la pêche a mis du temps à s’installer. L’Orb, ce fleuve particulier, ce fleuve où en sèche sans gobage tu fais monter des poissons d’on ne sait où ! S’est transformé en rivière pour nympheur, et même en nymphe j’en connais une paire qui ont pris des capots dignes d’un novice (moi le premier). La population d’ombres s’est réduite considérablement, oui certains en font des gros, mais la densité a fondu comme neige au soleil. Une autre rivière chère à mon coeur a subit cet épisode méditerranéen, le Jaur … Une rivière peuplée de farios magnifiques ressemblants à une basket Adidas, combatives à souhait et prenants des sèches toute la saison… Ben cette année c’était pas ça … J’y ai vu très peu de Farios, et encore moins d’arcs en ciel lâchées depuis des années.

UN ÉTÉ CALIENTE

Pour couronner le tout, cet été fût le plus chaud jamais connu, et plus sec qu’un parisien sur une plage au Cap d’Agde.…Heureusement pour certains fleuves (Aude et Orb), les barrages ont clairement joué leur rôle de régulateur de débit, je pense que chez nous c’est ce qui a sauvé les poissons survivants des crues printanières. Pour une fois je remercie (à prendre avec des pincettes) les gestionnaires de ces ouvrages. Même si les débits étaient au minimum, les poissons ont apprécié cette eau fraîche et oxygénée. D’ailleurs, même avec 35° à l’ombre on trouvait des truites actives, forcément pas en plaine, mais il y en avait malgré tout quelques unes sous les frondaisons, ou en pleine veine qui étaient prêtes à tout pour bouffer une sèche. Quant au Jaur … eh bien je ne l’ai pas pêché de l’été … une eau chaude, ralentie par tous les barrages de galets, pleine d’algue … en gros une rivière qui se meurt . Je suis allé l’observer, le peu de Farios visibles sont calées au fond et ont pris la robe des dormeuses. Quelle misère …

LA MONTAGNE, ÇA VOUS GAGNE

L’été, j’ai la chance d’aller en vacances dans nos Pyrénées Catalanes, l’altitude fait que les truites sont actives (attention aux variations de température) et j’ai pu y faire de belles pêches, comme des pêches plus que médiocres. Là haut il faut surtout choisir ses heures de pêche suivant le profil de rivière, ça ne sert à rien de commencer à 6h30, le coup du matin ne commence pas avant 9h. En Capcir ou en Cerdagne, on peut mêler facilement tous les loisirs familiaux, randonnée, balade, petite session de pêche en famille, d’ailleurs ma fille a fait sa première Fario au tenkara sur la Lladure Les lacs peuvent être un bon repli à condition qu’il y ai un minimum de vent sauf si vous y faites le coup du soir, attention la plupart des lacs nécessitent un minimum de randonnée et de technique de pêche.

RETOUR À LA RÉALITÉ

Après ces vacances formidables et trop courtes (comme toujours), voilà venu le retour à nos obligations professionnelles et à nos rivières meurtries. Quelques sessions de pêche sur l’Orb confirment la sensation du début de saison même si il y a un peu plus d’activité, ça reste pas la folie connue l’année dernière. Les poissons sont plus sur les nymphes que sur les sèches, c’est bien triste. Même si il y’a des éclosions, pas de bouillonnement. Ne parlons pas de ce fameux Jaur, j’y ai trouvé quelques belles arcs en ciel, mais le cœur n’y était pas, tout est bouché. On ne voit même plus les cailloux au fond de la rivière, ces espèces d’algues marron ont totalement colonisé la rivière. Et le peu de Fario que j’ai vu luttent pour survivre …

UN JOYAU PARMIS LE CHARBON

Malgré les constats désolants de notre chère Occitanie (et de France), j’ai eu la chance de participer à une pêche électrique sur la Vis (Bravo à l’AAPPMA la Gauloise et à son président pour le travail accompli). Vis que je n’ai pêché qu’une fois en début de saison avec l’ami Cédric. Cette pêche d’inventaire m’a permis de découvrir une partie de la rivière que je ne connaissais pas. Pendant quelques jours ça m’a trotté dans la tête, ce petit coin de paradis m’avait totalement rendu fou … Pour vous dire, j’en rêvais ! Ces truites canadieres me hantaient ! J’y suis allé 3h en pleine semaine juste après la pluie et j’ai fait une de mes meilleures sessions. Des poissons actifs et gobeurs, mais relativement difficiles à leurrer, ce qui rajoute à la satisfaction personnelle .

FERMETURE

Pour ne pas être déçu, et surtout pour pêcher en sèche, nous avons fait la fermeture à la montagne, Segre, Carol, Tet et Aude étaient au programme de ce week end bien chargé. Mais même là haut ce fut difficile, le manque d’eau a touché la montagne … malgré tout, nous avons fait du poisson sur chaque cours d’eau pêché avec plus ou moins de réussite, l’ami Benoit Moreno ( GBTX) nous a aidé dans notre recherche des belles zébrées, étant le local de l’étape, pas besoin de chercher des spots pendant 3h, surtout ce week-end de fermeture avec des paniers à truites tout les 100m. Ce fut un week-end formidable même si le score n’était pas au rendez vous, j’ai des images plein la tête, ces biches qui viennent boire, ce cerf qui traverse la plaine pendant que je pêche et qui me fait faire une pause dans la recherche du poisson tant convoité … C’est aussi pour ça qu’on pêche, cette atmosphère, cette ambiance, ce rapport à la nature que peu de gens ont … Même si je pêche toute l’année, la première catégorie reste particulière, cette année plus que jamais, j’ai la gueule de bois. Quitter mes rivières de cœur, mes merveilleuses découvertes et mes rivières malades, me rend totalement nostalgique . Prions pour que l’automne soit pluvieux et que nos copines de jeu se refassent une santé ….